vendredi 12 octobre 2012

Belvédère : Moncigale, société potentiellement rentable cherche repreneur d'urgence

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Petit retour sur Moncigale, après lecture de chiffres hallucinants découverts sur Boursorama, et confirmé par le Midi libre, dans son édition du 4 octobre.  Moncigale, en RJ depuis que BVD a essayé de s'en servir de paravent l'an dernier,  présentait donc un plan de continuation ce 2 octobre, puisque si la Cour d'Appel de Nimes a bien rejeté la tentative de confusion de patrimoine avancée par Belvédère, personne n'est revenu sur la transformation du plan de sauvegarde en RJ généré par cette tentative de sa grand-mère.

Moncigale présentait donc un plan de continuation basé sur un apurement de créances à hauteur de 7 millions d'euros. Difficile de savoir comment le chiffre a été arrêté, au vu des dettes et de l'actif circulant au 31 décembre 2011 (32 millions de dettes tout confondu, fournisseurs, Etat et 13 M€ à sa maison-mère incluse contre 33 millions d'euros d'actifs circulant dont 4,7 millions de trésorerie).  Mais je ne vais le contester, alors que le principe de la supposée cessation de paiement m'avait étonné.

Le problème de Moncigale n'est pas là. Son problème, c'est que que le montant des créances déclarées est évalué à 70 millions d'euros : 20 millions au titre des dettes courantes, 20 autres réclamés par Marie-Brizard (Ciel, quelle augmentation : MBRI aurait-elle avancé de nouveaux fonds en 2012, ou bien a-t-elle modifié le montant de ses intérêts ou prestations?). Mais surtout,  30 millions d'euros au titre du contrat Chamarré, dont dommages et intérêts pour rupture jugée abusive par ses dirigeants.

C'est quoi le contrat Chamarré?  Une vieille histoire. Chamarré était une société de commercialisation de vins tombée en RJ. Rachetée par Alain-Dominique Perrin, administrateur au sein du groupe Belvédère. Qui avait trouvé avec Moncigale un formidable exutoire pour assurer la survie de cette entreprise tout juste rachetée. Nul ne dit qu'il est intervenu à la signature du contrat de cession de marque. Ce sont probablement les dirigeants officiels de Chamarré qui ont proposé le deal  : "Nous mettons la marque à votre disposition, en contre-partie, vous nous garantissez tant de millions d'euros  de volume d'achat". Le monde est bien fait, quelquefois.  Bref, ce contrat aux clauses léonines, même s'il n'est pas la seule raison, a sans aucun doute participé fortement au renversement de tendance chez Moncigale. Qui est passée en quelques années d'un profit de 4 millions d'euros à des pertes récurrentes.  1,3 M€ pour 2011. C'était peut-être assez voyant, ou pas dans les objectifs du nouveau PDG officiel de BVD, KT,  pour que Maitre Fabre, l'administrateur judiciaire, y mette le holà peu après le redressement judiciaire de 2011. Et du coup, Chamarré demande 30.8 millions d'euros pour rupture abusive de contrat.  Faut les comprendre, aussi. Un contrat qui rapporte autant avec aussi peu d'investissement, c'est quand même un crève-coeur que d'y renoncer. Vous accepteriez, vous, qu'on vous sucre une rente sans contre-partie?  Il faut espérer que cette demande loufoque ne sera pas validée pour 1 centime. Car sinon, j'imagine bien les petits loulous de ma banlieue se retourner contre les flics qui les empêcheraient d'abuser "Y m'ont cassé mon bizness, M'sieur le Juge".  Car sinon j'imagine bien toutes les sociétés condamnées pour abus de position dominante se retourner contre ceux qui les ont condamné : "Rupture abusive de contrat, n'en plaise à  la Cour".

L'autre vrai problème de Moncigale, ce n'est pas son marché potentiel : 2011 a prouvé qu'il lui était possible de se développer à l'international, avec 90.000 hectolitre vendus en Chine, et reconduits sur 2012. Mais il est vrai que c'est une rupture par rapport aux années précédentes, où la commercialisation du Groupe BVD a été effectuée au détriment de Moncigale, si l'on en juge les déclarations du PDG de BVD qui voulait à tout prix prouver l'an dernier qu'il avait usé et abusé du patrimoine de Moncigale.  Prétentions rejetées par la Cour d'Appel de Nîmes en l'absence de preuves. Mais on ne demande qu'à le croire. Et si Moncigale doit s'en tirer seule, il faudra bien envisager une commercialisation digne de ce nom. Car son CA a quand même été divisé par 2 depuis sa reprise par BVD.

En dehors de l'appareil commercial, l'appareil industriel a lui aussi souffert d'un manque d'investissement. (des douches pour les salariés? Mais vous rêvez?).  Reprendre Moncigale, représente donc un investissement conséquent. Estimé par les délégués syndicaux, si l'on se fie à la presser locale, entre 5 et 15 M€.    Sous réserve que la déclaration de créances soit conforme au denier bilan.

240 emplois à la clé. Et un retour sur investissement peut-être rapide si l'on en juge ce dernier bilan finalement assez sain, et la gestion particulière de BVD. Mais voilà. A priori, il n'y aurait que jusqu'au 6 novembre pour se décider.  Dommage que les titulaires d'OBSAR, floués jusqu'à l'os, n'aient pas la possibilité de demander l'attribution de Moncigale et de la soulte nécessaire en échange de leurs 90 à 100 millions d'euros. Cela serait toujours plus rentable que de lointains BSA sur l'improbable Sobieski.  Mais si la vie est quelquefois bien faite pour certains, elle n'est pas toujours aussi simple.  Reste donc à espérer que parmi les deux candidatures évoquées, l'une d'elle aboutisse.