samedi 18 juin 2011

BELVEDERE : Moncigale sous procedure de sauvegarde -politique de la terre brulée?

La société Moncigale, ex Chais Beaucairois, filiale de Marie Brizard, a été placée le 16 juin sous procédure de sauvegarde.

MONCIGALE - 327 373 460 R.C.S.NIMES
QU DE LA PAIX 30300 BEAUCAIRE
Chiffre d'affaires : 108 567,00 €


DETAIL DE LA PROCEDURE

Etat de la procédure
Procédure de sauvegarde prononcée le 16/06/2011.

Représentant légal MARIE BRIZARD ET ROGER INTERNATIONAL
130-142 RUE FONDAUDEGE 33000 BORDEAUX

ORGANES DE LA PROCEDURE
Juge commissaire MR WOLFF MICHEL
Juge commissaire suppléant MR DRAUSSIN ALEX
Administrateur judiciaire ME FABRE OLIVIER
7 R ÉCOLE DE MÉDECINE 34000
Mandataire judiciaire ME TORELLI Frédéric
29 R des Lombards 30000

Les raisons de cette mise sous procédure de sauvegarde, qui est effectuée à la seule demande du dirigeant, ne sont pas connues. Toutefois, Moncigale étant co-caution avec Marie-Brizard dans le règlement des sommes dues aux créanciers FRN de Belvédère, à hauteur de 92 M€, et la résolution du plan de sauvegarde de Belvédère ayant été confirmée en appel, il est probable que cette mesure soit destinée à préserver Moncigale d'un appel en garantie.

Ce qui signifierait au passage que Belvédère n'a pas l'intention/les moyens de payer sa créance, surtout si celle-ci fait l'objet d'une déchéance du terme, et devient exigible dans sa totalité.

Concernant Moncigale, cette mesure pourrait être un moindre mal si cela lui évite d'être appelé en garantie. Toutefois, la mesure a d'autres conséquences très dommageables : le gel de leurs créances pour les fournisseurs qui interviennent dans le processus d'exploitation (producteurs vignerons et caves), dès lors qu'ils n'auraient pas assorti leurs livraisons d'une clause de réserve de propriété.

Outre le problème d'image que cela pose pour Moncigale, et le risque que cela fait peser sur l'exploitation de la société si les fournisseurs souhaitent ne pas renouveller leurs contrats de livraison, le risque d'appel en garantie n'est que partiellement écarté. En effet, la situation risquant de se retourner contre Belvédère, (car il n'est pas dit que les créanciers de Belvédère vont laisser faire sans réagir) Jacques Rouvroy aurait à tout mon moment, s'il sent que l'affaire tourne trop mal pour lui la possibilité de demander la fin du plan de sauvegarde, afin que les filiales paient à la place de Belvédère.....

A noter que les titres Marie-Brizard, Moncigale, Cognac Gautier et Williams Pitters étant nantis, les créanciers de Belvédère ont sans doute la possibilité de prendre le contrôle de ces sociétés. Dans ce cas, la procédure de sauvegarde mettrait en péril l'exploitation de Moncigale, sans que Belvédère n'y trouve d'intérêt. Politique de la terre brûlée?

Pour les salariés, le seul maigre contre-pouvoir est de lancer une procédure d'alerte, afin d'être informé sur les conséquences des actions en cours, via leur comité d'entreprise.



A la date d'hier, il n'y avait pas de procédure de sauvegarde en cours pour Cognac Gautier et Williams Pitters.

vendredi 10 juin 2011

GECI - Avions chinois : confirmation de l'absence de commande

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Le mystère des avions chinois dont le lancement de la production avait été annoncé en grande fanfare vient de trouver son explication : il n'y a jamais eu de commande.

C'est ce que nous apprend GECI dans son document de référence déposé hier à l'AMF. Ce document, qui porte sur les comptes allant jusqu'au S1 2010-2011, arretés au 30 septembre, contient des mises à jour de l'actualité de la société.

On y apprend que le nombre total d'avions commandés est de 1 (océanie). Pour l'Asie, il y a 14 lettres d'intention ou "Memorandum of understanding".

Quand à la constructon des avions chinois, elle est décalée jusqu'au jour où "les chinois"voudront bien payer un acompte :

"En ce qui concerne l’activité Aviation, le chiffre d’affaires réalisé sur l’exercice a été amputé de la production des 3 avions destinés à la commande chinoise , dont la mise en oeuvre n’interviendra qu’au cours de l’exercice 2011-2012,dès réception de l’acompte client initialement prévu sur l’exercice 2010-2011."




Je ne suis pas très au fait des pratiques dans l'industrie aéronautique, mais avant de demander des acomptes, l'usage n'est-il pas de faire signer une commande?


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mercredi 8 juin 2011

Belvédère : situation tendue

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La Cour d'Appel de Dijon a confirmé aujourd'hui la résolution du plan de sauvegarde dont avait bénéficié Belvédère, et qui avait été dénoncé récemment, suite au non-respect par le PDG, Jacques ROUVROY, des engagements pris à cette occasion :

- vente du sous-groupe Marie Brizard
- règlement des intérêts aux porteurs d'OC
- cession d'une partie de l'auto-contrôle pour ramener celui de 30% au seuil légal des 10%.

Pendant des mois, le PDG a joué au matamore, en contestant le montant renégocié des intérêts dus, en refusant de vendre Marie Brizard, sous prétexte de la vente d'une petite filiale, et en n'apportant pas la preuve de le cession de l'auto-contrôle en dépassement.

Le tout, avec multiplication des provocations et procès en tous genres. Assisté de Nicolas Miguet, il a colporté à l'envie l'image du petit gaulois assiégé luttant contre les " banksters, les fonds vautours et la presse stipendiée" selon la terminologie en vigueur chez son mentor mais néanmoins déclaré actionnaire.

Accessoirement, il a été condamné récemment en première instance à verser une amende de près de 1 M€ par l'AMF, pour manipulations de cours et diffusion d'informations trompeuses.

Conséquence de la décision : toutes les dettes qui avaient réduites et étalées dans le cadre du plan de sauvegarde retrouvent leur date initiale d'exigibilité. Potentiellement, ce sont 500 M€ à régler de suite, sur les 680 millions d'euros inscrits au plan, les titulaires de Floating Rate Note pouvant exiger la déchéance du terme du principal payable en 2013. Les chiffres sont à affiner, au vu des comptes 2010 à paraitre. Le 14 avril, Belvédère avait annoncé leur parution demain, pour tenir compte de la décision de la Cour d'Appel. Toutefois, il y a fort à parier qu'il n'en soit rien, sauf si ces comptes sont excellents, puisque courant mai, Belvédère a demandé au Président de Greffe du TC de Dijon l'autorisation de tenir l'AG annuelle en dehors des délais légaux.

Ce soir, à l'issue du jugement, Jacques Rouvroy se fend d'un communiqué assurant qu'il est "ouvert à un accord avec ses principaux créanciers". Sans apparemment se rendre compte que si quelqu'un peut être ouvert à un accord, ce sont les créanciers (qui d'ailleurs avaient déclaré lors de l'audience en première instance être prêts à envisager un règlement en bonne intelligence, afin de ne pas conduire à la disparition pure et simple de la société).

Les créanciers en question (dont BoNY Mellon) n'étant malgré tout pas des enfants de choeur, il est craindre que la vente par appartements ne soit exigée lors des négociations. Tout en sachant que la plupart des marques du Groupe sont nanties.

"JR" n'a donc plus le choix. Et ne sera certainement pas en position de force pour négocier. S'il s'y refuse, ce sera RJ avec plan de cession assuré.

Les salariés risquent d'être les premiers dindons de la farce. Ils ont intérêt à se mobiliser pour jouer de leur faible contre-pouvoir, en faisant nommer un expert via leurs CE pour les représenter et avoir accès aux procédures à venir. Car si la procédure d'alerte n'a pas déjà été lancée, c'est le moment ou jamais.... L'un des enjeux étant de ne pas dissocier les marques des outils de production.

Quand aux PP actionnaires .... si l'action recote, une suspension ayant été demandée par l'AMF à midi, certains joueront encore dès la reprise aux spéculateurs du dimanche, essayant d'engranger quelques plus-values. Et en tentant de convaincre les plus naïfs que cette résolution du plan de sauvegarde est finalement une bonne chose pour le Groupe.

Pour les autres, il faut bien qu'ils soient conscients que si les salariés ont beaucoup à perdre, ce n'est certainement en les enfonçant qu'ils pourront espérer récupérer la moindre de leur billes. Si je dis cela, c'est parce que j'entends d'ici les discours à venir sur la nécessité d'être pragmatique, sur celle, malgré quelques larmes de crocodile, d'appuyer des choix "rationnels", etc....

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mardi 7 juin 2011

A propos de l''Etude Financière sur STS Group : résumé STS et quelques précisions sur l'analyse financière

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CONTEXTE

STS Group est une société que je suis depuis environ 1 an, ayant été sollicitée par d'anciens actionnaires de Golog sur l'opportunité d'y investir. Alors qu'initialement j'étais modérément confiante, très vite sont apparus quelques points troublants :

- une censure omniprésente sur le forum Boursorama (corrélation forte avec des problèmes à venir)
- un soutien sans faille de Nanard Ze Blogueur (même remarque)
- des pratiques comptables très douteuses (le fameux montage des JV, qui a du faire l'objet d'une marche arrière partielle cette année).

Ces JV restant comptabilisées pour la part non détenue via des projections de Business Plan, le sujet reste très sensible. Ces JV, sur lesquelles reposent la majeure partie de la croissance du Groupe, avaient été confiées en portage à une entreprise créée au Nevada. Suite à un problème contractuel, il a été nécessaire de "racheter" au prix symbolique cette entreprise américaine, afin de ne pas être confronté à un droit de préemption exerçable par un co-contractant. Ce "rachat" a naturellement nécessité, au moins pour 2010, que les participations détenues soient comptabilisées selon des règles plus orthodoxes. Ce reclassement comptable, sur lesquel on pourrait revenir, a généré des pertes de 14 M€, et ramené ainsi le résultat net à - 5M€, au lieu des + 9M€ attendus. Et encore, ce chiffre de perte est limité, grâce à une valorisation des JV basée sur des estimations de Business Plan, et non sur leur actif net réel.

Au vu des pertes, on pouvait s'attendre naturellement à une réaction du marché. Après près d'un mois de suspension, et plusieurs annonces de la société, le cours a ouvert à la recotation avec une perte de 25%, qui a atteint 33% en fin de journée, dans des volumes squelettiques toutefois. (moins de 1% du capital échangé)


Le soir, était diffusé sur Boursorama l'adresse d'une "étude financière", initiée par FG Partners, et sur laquelle un intervenant me demandait mon avis.

Cet avis a été censuré. J'avais à plusieurs reprises manifesté à l'auteur de ces coupes que la censure n'était pas une solution, et que ce blog pourrait servir de lieu de repli. Après plus de 5 rappels, on y est.

Voici donc un presque copier coller de ma réponse d'hier, enrichi de quelques remarques supplémentaires.

Que dire d'une telle étude?

La seule chose qu'on y apprenne réellement, c'est, en première page, que le % détenu par le public, hors fonds et administrateurs, est de 57%, et que le flottant est de 13% (SIC).Les chiffres y sont ainsi présentés :

Actionnariat % Actions
Fondateurs Managers 21,22%
Fondateurs et administrateurs 33,72%
Autres fonds d’investissement 9,40%
Sous-total 43,12%
Public 57,22%
Total 100,00%
et pour le moment on ignore quel est le bon chiffre à prendre en compte.

Pour le reste, il n'y a pas d'étude. Juste une reprise des comptes de STS, (version annexe à juin 2006) et à partir de la page 29, quatre pages de moulinages des chiffres donnés par la direction, qui n'ont ni queue ni tête quand aux hypothèses retenues (du type : je compare à Red Hat et j'applique une décote de 20%). Voir aussi dans la valo par les DCF le recours à un impôt normatif y compris sur les premières années, alors que STS dispose avec certitude d'importants reports déficitaires. Impôt a priori compensé par FG partner en augmentant l'EBITDA. A l'inverse, les chiffres retenus pour 2010 et 2011 ne correspondent pas, pour le calcul de la trésorerie, aux éléments 2010 et prévisions 2011 disponibles.

Plus gênant encore dans le sérieux de la démarche : le bêta désendetté retenu! Le bêta est un chiffre qui sert à mesurer la sensibilité, ie la volatilité du cours d'une entreprise par rapport aux variations d'un indice de référence. Ce calcul se base naturellement sur l'historique des cours et de l'indice. Alors que cette formule est à la portée de tout détenteur d'Excel, que fait FG Partners? La moyenne de bêta d'autres sociétés dites comparables, dont des poids lourds de la cote. Bref, un non sens absolu!

Le rôle d'un analyste financier n'est pas de rentrer des données dans un tableau excel pour en sortir des moyennes, à partir de quelques hypothèses de taux d'actualisation,, mais en premier lieu, d'analyser le marché, la concurrence, de porter un jugement sur les points faibles et points forts... Les chiffres ne viennent qu'après. Or ici, rien de tout cela.


FG partners a beau prévenir que l'étude lui a été commandées par STS (en oubliant au passage de préciser ses autres contrats avec elle, en contradiction avec les recommandations de l'AMF) la qualité de cette "étude" me laisse dubitative.

Le pire étant que, malgré des hypothèses retenues plutôt favorables à STS, cette étude fait apparaitre que la valeur basée sur des méthodes par comparables est encore largement surcotée, et ne présentera un intérêt (en termes purement financiers) qu'à partir de l'an prochain!

Mais outre le caractère amateuriste de cette étude, le principal reproche que l'on pourrait lui faire est le mélange des genres : on a ici un listing sponsor, qui affiche sur son site être "conseiller financier exclusif de STS Group", et qui se prétend Analyste en présentant au public une "étude" payée par STS Group.

Même si ce mélange des genres tend à devenir la norme pour les petites sociétés, surtout lorsqu'elles ne sont pas rentables, c'est malheureusement la porte à de nombreuses dérives. Comme on l'a vu par exemple sur Loyaltouch, où les actionnaires qui auraient eu des doutes sur la qualité de la société, on pu se rassurer en lisant des études qu'ils pensaient indépendantes, et qui n'étaient que le résultat de commandes passées par la société.