dimanche 4 septembre 2011
Pièce en deux Actes. 2- BELVEDERE fait chanter ses Commissaires aux Comptes et prend ses actionnaires pour des idiots
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AGE de Belvédère ce matin, donc, pour valider le changement de siège social de Dijon à Beaucaire. Motif avoué : les Juges du Tribunal de Commerce de Dijon se sont à l'usage révélés peu accommodants en résiliant le plan de sauvegarde de Belvédère. Résiliation due au fait que Belvédère avait bafoué les engagements qu'elle avait pris à l'occasion de son plan de sauvegarde. Alors que le Tribunal de Commerce de Nîmes s'est montré beaucoup plus conciliant, en acceptant la mascarade de confusion de patrimoine entre Moncigale et Belvédère, et par le même coup un nouveau plan de sauvegarde, qui permettrait à Belvédère de fuir ses créanciers pendant une nouvelle période de dix ans. (Rappel : les Tribunaux de Commerce sont une Justice dite "Consulaire", et les Juges sont de simples particuliers, généralement chefs d'entreprises locaux, indépendants du Ministère de la Justice).
Après l'accueil bon enfant effectué par les salariés, les actionnaires qui ont pu trouver les locaux de l'usine de Moncigale ont eu droit à une série de discours des plus lénifiants. En résumé ; tout va bien, les Dirigeants sont parvenus à créer un Groupe de premier plan, et, en matière de perspectives, le projet de création d'une nouvelle usine Moncigale dans la plaine du Rhône montre, s'il en tait besoin, que tout va très bien, Madame la Marquise. (On rappelle que Moncigale, en procédure de sauvegarde, n'a pas vraiment les moyens de réinvestir en ce moment. Toutefois, les terrains actuels situés en centre ville, sur le secteur de la Marina tant défendue par Monsieur le Maire, pourraient être échangés par d'autres situés en zone inondable, et donc forcément moins chers).
A l'un des actionnaires qui posait une question sur les comptes 2010, toujours pas parus, une seule réponse : ce point n'est pas à l'ordre du jour. Aucune tendance n'a donc été précisée.
Par contre, alors que les comptes 2011 n'étaient pas non plus à l'ordre du jour, les Dirigeants de Belvédère s'en sont donné à coeur joie pour échanger avec Nicolas Miguet des estimations surréalistes sur la valorisation de la société !
En signalant tout d'abord que les chiffres de ventes étaient EXCELLENTS (En Pologne, en Chine, aux USA,...). Et puis, ils se sont malheureusement contredits, en voulant en faire trop. Ils ont pris à partie les Commissaires aux Comptes présents. A qui ils font le chantage suivant (par voie de mise en demeure parait-il, mais j'ose espérer que la seule mise en demeure était celle orale de N. Miguet, et que j'ai mal compris pour le reste) :
- soit les CAC acceptent une ré-évaluation de la marque Sobieski. A la bagatelle de 1 milliard d'euros. Soit plus de 400 fois la valeur actuelle de l'ensemble des marques hors Marie-Brizard !
- soit les CAC refusent. Auxquels cas, ils seront, implicitement, virés.
Belvédère n'en est pas à son premier chantage envers ses CAC, puisque déjà en 2008, ils avaient mis fin au mandat de KPMG qui refusait de céder à leurs demandes
Sur quoi se base Belvédère pour demander une telle ré-évaluation? Et bien sur le nombre de bouteilles vendues. Plus de 1 million et demi de caisses de vodka selon elle. Dont 90.000 caisses par mois pour la Pologne. Soit 18 millions de bouteilles en tout. BVD estime donc que sa marque devrait être valorisée DANS LES COMPTES à hauteur de 55 euros par bouteille vendue. Alors que, pour les seuls Etats-Unis, au S1 2009, le prix de vente moyen était de ...2.16 euros. Dont près de la moitié de pertes! Pourquoi est-ce surréaliste? Car la valorisation réelle d'une marque est liée au nombre d'articles vendus et à ses parts de marchés, certes. Mais aussi à la rentabilité des produits vendus. Et en l'occurence, en l'absence de comptes, on n'en sait rien. Même si le Sieur Miguet prétend que la rentabilité opérationnelle est atteinte. Comme il n'a pas eu connaissance des comptes qui ne sont pas arrêtés, il peut bien raconter n'importe quoi. Cet échange était des plus loufoques. Mais a permis d'en donner pour leur argent aux actionnaires qui avaient fait le déplacement.
L'autre facteur surréaliste est que Sobieski est une marque créée par le Groupe. Elle ne peut donc pas être ré-évaluée par un simple claquement de doigts, quelle que soit sa valeur de marché.
Quand aux objectifs de l'annonce d'une ré-évaluation, ils peuvent être les suivants :
- laisser croire à l'enregistrement d'un profit virtuel dans les comptes, comme si la marque Sobieski avait été effectivement cédée au prix de 1 milliard de euros. Et ainsi, rassurer les actionnaires en leur faisant croire qu'ils pourront échapper à une augmentation de capital. En effet, les fonds propres sont actuellement négatifs, et devront donc être reconstitués avant la fin de l'année.
- accessoirement, faire croire aux actionnaires qu'une nouvelle spéculation sera possible sur la titre, sur la base d'un RN fortement revu à la hausse.
- rassurer politiquement en local, en laissant entendre que seule Moncigale compte, et que la marque Sobieski pourrait être cédée. Pas de chance, dans ce cas non plus une ré-évaluation libre sur la base de profits attendus ne n'applique pas!
Au passage, les actionnaires attentifs retiendront toutefois un point de ces échanges : les promesses de vente de 1 million de caisse de vodka aux USA et d'autant en Chine sont bien oubliées... même si pour la Chine on avance désormais en contre-partie 200.000 bouteilles de cognacs vendues! Le mieux serait d'écrire cela dans les comptes.
Naturellement, pendant cette AG de 2H30, on a bien brossé dans le sens du poil les petits actionnaires, en leur faisant miroiter l'inscription à la prochaine AGO d'une résolution visant à nommer un administrateur les représentant, en sus du sieur Bourbousson (qui parie pour Miguet?). Sans jamais évoquer le sort de la prochaine procédure d'appel. Y avait-il besoin de bla-blater une heure sur le sujet, les Dupont-Dupond? Quand une simple résolution suffit?
Dans l'ensemble, une remarquable AG où l'on a bien pris les actionnaires pour des idiots. Qui se retrouvent donc sur un pied d'égalité avec Juges et créanciers !
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AGE de Belvédère ce matin, donc, pour valider le changement de siège social de Dijon à Beaucaire. Motif avoué : les Juges du Tribunal de Commerce de Dijon se sont à l'usage révélés peu accommodants en résiliant le plan de sauvegarde de Belvédère. Résiliation due au fait que Belvédère avait bafoué les engagements qu'elle avait pris à l'occasion de son plan de sauvegarde. Alors que le Tribunal de Commerce de Nîmes s'est montré beaucoup plus conciliant, en acceptant la mascarade de confusion de patrimoine entre Moncigale et Belvédère, et par le même coup un nouveau plan de sauvegarde, qui permettrait à Belvédère de fuir ses créanciers pendant une nouvelle période de dix ans. (Rappel : les Tribunaux de Commerce sont une Justice dite "Consulaire", et les Juges sont de simples particuliers, généralement chefs d'entreprises locaux, indépendants du Ministère de la Justice).
Après l'accueil bon enfant effectué par les salariés, les actionnaires qui ont pu trouver les locaux de l'usine de Moncigale ont eu droit à une série de discours des plus lénifiants. En résumé ; tout va bien, les Dirigeants sont parvenus à créer un Groupe de premier plan, et, en matière de perspectives, le projet de création d'une nouvelle usine Moncigale dans la plaine du Rhône montre, s'il en tait besoin, que tout va très bien, Madame la Marquise. (On rappelle que Moncigale, en procédure de sauvegarde, n'a pas vraiment les moyens de réinvestir en ce moment. Toutefois, les terrains actuels situés en centre ville, sur le secteur de la Marina tant défendue par Monsieur le Maire, pourraient être échangés par d'autres situés en zone inondable, et donc forcément moins chers).
A l'un des actionnaires qui posait une question sur les comptes 2010, toujours pas parus, une seule réponse : ce point n'est pas à l'ordre du jour. Aucune tendance n'a donc été précisée.
Par contre, alors que les comptes 2011 n'étaient pas non plus à l'ordre du jour, les Dirigeants de Belvédère s'en sont donné à coeur joie pour échanger avec Nicolas Miguet des estimations surréalistes sur la valorisation de la société !
En signalant tout d'abord que les chiffres de ventes étaient EXCELLENTS (En Pologne, en Chine, aux USA,...). Et puis, ils se sont malheureusement contredits, en voulant en faire trop. Ils ont pris à partie les Commissaires aux Comptes présents. A qui ils font le chantage suivant (par voie de mise en demeure parait-il, mais j'ose espérer que la seule mise en demeure était celle orale de N. Miguet, et que j'ai mal compris pour le reste) :
- soit les CAC acceptent une ré-évaluation de la marque Sobieski. A la bagatelle de 1 milliard d'euros. Soit plus de 400 fois la valeur actuelle de l'ensemble des marques hors Marie-Brizard !
- soit les CAC refusent. Auxquels cas, ils seront, implicitement, virés.
Belvédère n'en est pas à son premier chantage envers ses CAC, puisque déjà en 2008, ils avaient mis fin au mandat de KPMG qui refusait de céder à leurs demandes
Sur quoi se base Belvédère pour demander une telle ré-évaluation? Et bien sur le nombre de bouteilles vendues. Plus de 1 million et demi de caisses de vodka selon elle. Dont 90.000 caisses par mois pour la Pologne. Soit 18 millions de bouteilles en tout. BVD estime donc que sa marque devrait être valorisée DANS LES COMPTES à hauteur de 55 euros par bouteille vendue. Alors que, pour les seuls Etats-Unis, au S1 2009, le prix de vente moyen était de ...2.16 euros. Dont près de la moitié de pertes! Pourquoi est-ce surréaliste? Car la valorisation réelle d'une marque est liée au nombre d'articles vendus et à ses parts de marchés, certes. Mais aussi à la rentabilité des produits vendus. Et en l'occurence, en l'absence de comptes, on n'en sait rien. Même si le Sieur Miguet prétend que la rentabilité opérationnelle est atteinte. Comme il n'a pas eu connaissance des comptes qui ne sont pas arrêtés, il peut bien raconter n'importe quoi. Cet échange était des plus loufoques. Mais a permis d'en donner pour leur argent aux actionnaires qui avaient fait le déplacement.
L'autre facteur surréaliste est que Sobieski est une marque créée par le Groupe. Elle ne peut donc pas être ré-évaluée par un simple claquement de doigts, quelle que soit sa valeur de marché.
Quand aux objectifs de l'annonce d'une ré-évaluation, ils peuvent être les suivants :
- laisser croire à l'enregistrement d'un profit virtuel dans les comptes, comme si la marque Sobieski avait été effectivement cédée au prix de 1 milliard de euros. Et ainsi, rassurer les actionnaires en leur faisant croire qu'ils pourront échapper à une augmentation de capital. En effet, les fonds propres sont actuellement négatifs, et devront donc être reconstitués avant la fin de l'année.
- accessoirement, faire croire aux actionnaires qu'une nouvelle spéculation sera possible sur la titre, sur la base d'un RN fortement revu à la hausse.
- rassurer politiquement en local, en laissant entendre que seule Moncigale compte, et que la marque Sobieski pourrait être cédée. Pas de chance, dans ce cas non plus une ré-évaluation libre sur la base de profits attendus ne n'applique pas!
Au passage, les actionnaires attentifs retiendront toutefois un point de ces échanges : les promesses de vente de 1 million de caisse de vodka aux USA et d'autant en Chine sont bien oubliées... même si pour la Chine on avance désormais en contre-partie 200.000 bouteilles de cognacs vendues! Le mieux serait d'écrire cela dans les comptes.
Naturellement, pendant cette AG de 2H30, on a bien brossé dans le sens du poil les petits actionnaires, en leur faisant miroiter l'inscription à la prochaine AGO d'une résolution visant à nommer un administrateur les représentant, en sus du sieur Bourbousson (qui parie pour Miguet?). Sans jamais évoquer le sort de la prochaine procédure d'appel. Y avait-il besoin de bla-blater une heure sur le sujet, les Dupont-Dupond? Quand une simple résolution suffit?
Dans l'ensemble, une remarquable AG où l'on a bien pris les actionnaires pour des idiots. Qui se retrouvent donc sur un pied d'égalité avec Juges et créanciers !
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PS : il existe une possibilité, comptablement admissible, qui est de revaloriser les actifs (la valeur des filiales) et non pas les marques. Mais cette possibilité rencontre les mêmes contraintes que la solution précédente en termes de valeurs REELLES. Soit Sobieski est destinée à la vente, et il convient de prendre en compte une valeur de marché après déduction de tous les nantissements qui l'affectent, soit elle n'est pas destinée à la vente, mais là encore il faut que la valorisation soit cohérente avec celles d'autres données de marché. A ce titre, on pourra regarder avec intérêt les valorisations retenues par Rémy Cointreau pour ses actifs. (En rappelant que Rémy Cointreau a un CA du double de celui de Belvédère, des résultats rentables et des fonds propres largement positifs).
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